Au cours des années 1920, les surréalistes évoquent le désir
sexuel et son caractère subversif, comme l’illustre Un Chien
Andalou, tourné par Luis Buñuel en 1928, ou La Coquille
et le Clergyman, réalisé par Germaine Dulac en 1928. Mais l’exemple
le plus marquant de cette tendance demeure L’âge D’or, signé
à nouveau par Buñuel, en 1930. Interdit pendant un demi-siècle,
ce film est traversé par l’irrépressible pulsion du désir,
incarnée par la volonté de s’accoupler dans la boue, et ce
malgré la présence de notables et d’hommes d’église. La
femme y est, à l’égal de l’homme, non seulement consentante
mais véritablement désirante, attitude qui la rend scandaleuse
pour l’époque.
Sous la
pression de la censure, l’érotisme est donc refoulé durant
plus de trois décennies, entre 1930 et 1960, avant de s’imposer
sur le devant de la scène lors de la révolution sexuelle. Mais
c’est par l’expression de son refoulement même qu’il apparaît
de temps à autres sur les écrans. Dans Los Olvidados, présenté
par Luis Buñuel en 1951, une jeune fille hésite à toucher le pis d’une
vache dont le lait s’écoule sur ses cuisses. Les vieillards fétichistes,
adorateurs des chaussures de femmes, sont, eux, mis en scène par Buñuel,
toujours lui, lorsqu’il réalise El en 1953.
Au refoulement, les studios hollywoodiens préfèrent la
sublimation et sculptent l’image d’actrices comme Greta Garbo,
Marlène Dietrich, Ava Gardner ou Marilyn Monroe, jusqu’à en
faire de vraies idoles. La star représente la femme inaccessible,
s’élevant au-dessus des vivants, et capable, par sa beauté et
son mystère, de susciter un amour absolu, voire un culte. L’un
des exemples fameux de cette sublimation de l’érotisme à
travers une égérie cinématographique, est le strip-tease de
Rita Hayworth dans Gilda, réalisé par Charles Vidor en 1946,
lorsqu’elle retire lentement ses longs gants noirs, tout en
chantant « put
the blame on mamie ».
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