Dès 1901, Ferdinand Zecca, inspiré par des tableaux du musée
Grévin, réalise Histoire d’un Crime, mise
en scène qui restera une des œuvres fondatrices du véritable
film policier. Quelques années plus tard, plusieurs réalisateurs
s’appuient sur la tradition des feuilletons de récits d’aventure
et inventent les "serials", ou films à épisodes, dont
les intrigues présentent les affrontements d’intrépides
détectives et de pauvres victimes avec les forces du mal. La
série des Nick Carter, tournée par Victorin Jasset et projetée
entre 1908 et 1912, ou bien Les Mystères de New-York,
diffusée entre 1914 et 1915 et présentée par Louis Gasnier,
sont des exemples marquants de cette tendance et rencontrent un
grand succès.
Une autre orientation du film policier exploite la tradition du
roman centré sur la recherche du coupable, et met ainsi à l’honneur
les héros de la littérature, notamment anglaise, comme Sherlock
Holmes, fameux détective crée par Arthur Conan Doyle, ou Hercule
Poirot, figure fétiche d’Agatha Christie. Mais le monde de ces
deux auteurs, fondé principalement sur l’analyse et la
déduction, supporte difficilement le passage à l’écran. Les
plus belles réussites du film à énigme demeurent les
adaptations des œuvres de George Simenon, dont l’atmosphère
extrêmement vivante offre des mises en scène surprenantes comme La
Nuit du Carrefour, réalisé par Jean Renoir
en 1932, ou Maigret Tend un Piège,
tourné en 1957 par Jean Delannoy.
Cependant, ces deux
orientations ne constituent qu’une part minime des films qui
enrichissent le genre, et leur influence restera relativement
limitée au cours de l’histoire du cinéma. Les films à
épisodes disparaîtront avant même l’arrivée du cinéma
sonore, quant aux films à énigme, ils n’éviteront pas
toujours les écueils liés à une tentative d’adaptation d’une
œuvre littéraire. Ainsi, les directions les plus fructueuses du
policier sont les films criminels d’une part, qui évoquent le
monde de la pègre ou les jours d’un gangster, et les films
noirs d’autre part, qui entraînent les protagonistes du récit
dans des bas-fonds urbains.
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